OSINT 5G MAROC

Maroc 5G – Un tournant stratégique à l’horizon 2030

Le Maroc est en train de franchir une étape cruciale dans sa transformation numérique avec le lancement imminent du déploiement commercial de la 5G, prévu pour novembre 2025. Cette échéance stratégique coïncide avec l'organisation de la CAN 2026 et s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation numérique, en vue de la co-organisation de la Coupe du Monde FIFA 2030.

L’ANRT a lancé en juillet 2025 l’appel d’offres pour les licences 5G, avec des exigences strictes en couverture, qualité de service et investissements. L’objectif : 25 % de couverture d’ici fin 2025, prioritairement dans les zones urbaines, industrielles et sportives, et 70 % d’ici 2030.

Des acteurs historiques comme Maroc Telecom et Inwi ont annoncé 4,4 milliards de dirhams d’investissement dans deux projets : FiberCo pour la fibre jusqu’au domicile et TowerCo pour 6 000 tours télécom à l’horizon 2033, basés sur le modèle neutral host.

Sur le plan technologique, le Maroc adoptera d’abord une architecture NSA avant de migrer vers la 5G SA. Les fonctionnalités telles que network slicing, IA, cloud et télémédecine seront intégrées progressivement.

Un modèle marocain transposable en Afrique

Le modèle marocain repose sur une régulation forte par l’ANRT, des co-investissements entre opérateurs, une priorisation stratégique (villes, industrie, sports), une diversification des fournisseurs et une stratégie long terme articulée autour de Maroc Numérique 2030.

Ce modèle est pertinent pour d'autres pays africains : il rationalise les coûts, évite les doublons, renforce la souveraineté numérique et favorise l’investissement. Il conjugue pragmatisme, sobriété budgétaire et impact économique immédiat.

Benchmark des solutions 5G – Fournisseurs candidats au Maroc

Fournisseur Atouts Limites Niveau de souveraineté
Huawei Solution intégrée, slicing, centres locaux, faible coût Réticences politiques, dépendance stratégique Faible
Ericsson Interopérabilité, OSS/BSS avancé, cloud ouvert Coût élevé, présence modérée en Afrique Élevé
Nokia Architecture any-cloud, microservices, sécurité native Moins implanté en Afrique, image faible Élevé
Oracle Core 5G cloud-native, cybersécurité, souveraineté OCI Pas d’infrastructure mobile pure Élevé
Amdocs Monétisation 5G, OSS/BSS, support multi-opérateurs Pas de réseau ni d’antennes Modéré
AWS / Azure Déploiement rapide, edge computing, scalabilité Données sensibles, souveraineté faible Faible à modéré

Enjeux de souveraineté et cybersécurité – L’écosystème sécuritaire marocain

Le système sécuritaire marocain repose sur la DGSN, DGST, DGED et les FAR. Le déploiement de la 5G aura un impact majeur sur les capacités opérationnelles (SIGINT, IoT, cryptage, surveillance en temps réel), mais aussi sur la souveraineté technologique.

Les risques incluent :

  • Backdoors permettant interception ou sabotage
  • Dépendance à des acteurs étrangers
  • Risque d’ingérence géopolitique

Recommandations opérationnelles :

  1. Audits 5G nationaux par la DGED et la DGST
  2. Stockage local des données critiques
  3. Capacités nationales de chiffrement
  4. Coordination ANRT – DGSSI – opérateurs

Conclusion

Le Maroc mène un projet 5G structurant, conciliant performance, souveraineté, régulation et développement. Ce chantier constitue un levier de croissance technologique, d’emploi et d’intégration économique. Il peut servir de modèle stratégique pour l’Afrique.

Le choix des partenaires technologiques dépendra de la vision de l’État : souveraine, hybride, orientée marché ou sécurité. La réussite du Maroc pourrait marquer une nouvelle ère de leadership numérique africain.

Espagne, sécurité numérique et pressions internationales : un éclairage utile pour le Maroc

Dans le cadre du débat sur la souveraineté numérique et le choix des fournisseurs technologiques pour la 5G, plusieurs événements récents en Espagne offrent un éclairage précieux pour les décideurs marocains.

Juillet 2025 : le gouvernement espagnol a confirmé à l’administration américaine que le contrat signé avec Huawei pour la maintenance des systèmes d’interception légale de communications ne représente « aucun risque pour la sécurité nationale ». Malgré les pressions de Washington pour exclure Huawei des réseaux critiques, l’Espagne a maintenu sa position, soulignant que la société chinoise n’a accès ni aux contenus interceptés ni aux systèmes sensibles.

Décembre 2023 : une affaire d’infiltration hostile a secoué les relations entre Madrid et Washington, lorsque le gouvernement espagnol a protesté auprès de l’ambassadrice des États-Unis à propos de tentatives de recrutement ou de manipulation d’agents du Centre National de Renseignement (CNI). Plusieurs fonctionnaires américains ont discrètement été expulsés du territoire.

Parallèlement, un ancien agent du CNI a été accusé d’avoir transmis des informations sur des opérations antiterroristes à des entités américaines. La plateforme Microsoft, sollicitée pour fournir des données dans l’enquête, a refusé de coopérer avec la justice espagnole, invoquant la confidentialité. L’affaire a mis en lumière les limites juridiques et la dépendance vis-à-vis de certains fournisseurs technologiques occidentaux.

Enfin, les révélations autour de Crypto AG rappellent que la CIA et les services allemands ont espionné, via des systèmes de chiffrement truqués, au moins 18 pays africains pendant plusieurs décennies, dont le Maroc. Aucun contentieux diplomatique ou judiciaire majeur n’a été engagé à ce jour contre ces pratiques d’ingérence massive.

Conclusion : le paradoxe des ingérences technologiques

Ces cas démontrent que les préoccupations relatives à la sécurité numérique ne se limitent pas à la Chine ou à Huawei. Au contraire, les ingérences documentées des États-Unis et de leurs partenaires européens sont nombreuses, parfois plus profondes et discrètes. Pourtant, elles suscitent moins de réactions diplomatiques ou de restrictions officielles que celles imputées à la Chine.

Dans le cadre du déploiement stratégique de la 5G au Maroc, cette asymétrie de perception doit être prise en compte. Si la vigilance envers tous les acteurs étrangers reste nécessaire, le Royaume gagnerait à adopter une approche souveraine, équilibrée et fondée sur des critères techniques et juridiques objectifs, plutôt que de céder à des pressions géopolitiques externes.

En définitive, la Chine semble avoir, dans ce contexte, une posture d’ingérence plus discrète que certains partenaires occidentaux, tout en offrant des solutions technologiques matures, rapides à déployer et compétitives. Cela ne signifie pas qu'il faille accorder une confiance aveugle à Pékin, mais que l’équilibre et la diversification des partenaires devraient primer sur la logique de blocs idéologiques ou d’allégeance diplomatique.

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